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[LÀ EAU] Interview avec le trio à l’origine de cette web-série !
Stéphane Tourreau, vice-champion du monde d’apnée, et son frère Grégory, plongeur hydrobiologiste, se sont lancés cet été, dans un formidable projet de web-série ! En effet, en collaboration avec le cadreur et réalisateur Mathias Lopez, ils nous emmènent au cœur d’un autre monde du silence, celui des lacs de montagne. Après « The Freediving Universe » et les fonds marins des Bahamas, c’est donc un tout autre univers que nous allons découvrir au travers des cinq épisodes. Naissance du projet, choix des lacs, plongée libre en milieu lacustre, enjeux scientifiques… On a posé quelques questions à ce trio, trois passionnés du milieu aquatique, afin d’en savoir plus sur la web-série Là eau !
À l’heure où nous bouclions ces lignes, deux épisodes sont déjà visibles en ligne : le Lac du Lou (1er épisode) et le lac Jovet (2nd épisode). On peut y découvrir des images sous-marines, mais aussi terrestres, à couper le souffle !
Web-série LÀ EAU, ou la découverte de 5 lacs alpins de Savoie
D’où est née cette idée de faire une web-série consacrée à l’exploration des fonds aquatiques des lacs de montagne ?
Au départ d’un financement par la Fondation Caisse d’épargne pour valoriser le patrimoine naturel de Rhône-Alpes. On en a discuté avec Stéphane lors d’un repas de famille et l’idée est ainsi venue naturellement. Nous avons choisi ces milieux, car ils sont sensibles et subissent aussi des pressions « malgré ce que l’on croit ». Ils sont aussi souvent méconnus (notamment par le grand public). C’est également le début du cycle de l’eau « têtes de bassins ». L’idée a donc été de les valoriser via l’image !
Là-haut, on est à la base du cycle de l’eau et nous souhaitons ainsi sensibiliser à sa vulnérabilité et à sa préservation. En véhiculant un « message positif et propre à l’esprit de l’Eau, de la Montagne et de l’Apnée ».
Le format vidéo est le véhicule parfait pour faire passer des émotions et toucher les gens ! Mathias Lopez, Réalisateur (cameraman, cadreur…) / Directeur photo.
Une plongée dans cinq lacs alpins aussi sublimes que sensibles !
Nous allons découvrir les fonds marins de 5 lacs alpins de Savoie, lesquels ?
- Le Lac du Lou (Val Thorens, 73) : 2035 m ;
- les Lacs Jovet (Les Contamines, 74) : 2175 m ;
- le Lac cornu (Chamonix, 74) : 2276 m ;
- le Lac Blanc (Sainte-Foy Tarentaise, 73) : 2850 m ;
- Et enfin, le Lac vert (Passy, 74) : 1235 m
Comment le choix des lacs s’est-il effectué ?
Pour le choix des lacs ! Le cahier des charges a été compliqué ! Richesse des eaux, savoyard, avec une bonne visibilité, un peu de profondeur, des accès avec portage lourd possibles… Et aussi des singularités qui nous permettrons d’aborder différents thèmes.
Couleur et facilité d’accès pour les journalistes sur le Lac vert, reste d’arbre fossile sur le Lac du Lou « à plus de 2000 mètres ! », composition chimique du lac Cornu « très proche de l’eau atmosphérique (pluie et névés – Balvay 1971»), la clarté du lac Jovet et ses nombreux apports sous lacustre, ou encore la jeunesse et la pureté du lac blanc libéré des glaces il y a seulement 200 à 300 ans (figurant encore en glacier sur les cartes IGN de 1950). Les gestionnaires nous ont également fournis des informations précieuses (Réserves naturelles – ASTERS, communes, Fédérations de pêche de Savoie et Haute Savoie…).
NB : Il faut savoir que chaque immersion dans ces lacs, fait l’objet d’une demande d’autorisation précise en relation avec les parcs naturels.
La plongée en apnée dans un lac de montagne – Stéphane Tourreau
La pratique de la plongée libre, ne se limite pas seulement à la mer ! A l’image de Stéphane Tourreau, de nombreux nageurs et plongeurs s’intéressent à cette discipline dans d’autres milieux, et notamment en lac. Les eaux douces et froides de ces lacs, sont riches d’une faune variée et fascinante ! Ce n’est pas Stéphane, apnéiste professionnel, qui vous dira le contraire !
Avant d’aborder le sujet de la plongée en apnée en milieu lacustre, peux-tu en quelques lignes nous donner ta vision de l’apnée ? Ce qui te plaît dans la pratique de cette discipline ?
L’apnée, c’est plonger en immersion pour découvrir son environnement aquatique et se découvrir à l’intérieur de soi ! L’apnée apporte le relâchement, la connaissance de soi, la gestion de l’effort et de son souffle au travers de multiples variantes et disciplines : verticales, horizontales ou en exploration ! Ce qui me plaît tout particulièrement… La sensation de liberté, être en harmonie avec l’environnement aquatique !
Le plus surprenant lorsqu’on plonge dans un lac alpin ? L’aspect lunaire de certains lacs et la sensation de solitude avec cet environnement… – Stéphane Tourreau
Quelles sont les différences notables entre une plongée en apnée dans un lac et une plongée en mer ?
L’apnée en lac est beaucoup plus exigeante avec des paramètres très variables ! Contrairement à la mer, chaque lac est différent, donc difficile de répondre ! Les lacs d’altitude, c’est un tout autre univers, plus on monte et plus ces variables changent. De plus, l’accès est sportif et très réglementé, car ce sont des milieux sensibles et on ne peut pas faire n’importe quoi, il faut des autorisations et une raison vraiment valable pour y plonger !
Pour les grands lacs, ce sont des milieux plus accessibles pour les plongeurs de l’intérieur. Ils permettent d’élargir la découverte et ces connaissances.
Qu’est ce qui est le plus surprenant dans cet univers subaquatique ?
L’aspect lunaire de certains lacs et la sensation de solitude avec cet environnement… On est encore plus dans l’introspection tout en étant dans l’observation.
Chaque lac réserve son propre lot de surprises… Peux-tu nous le confirmer ?
OUI, c’est vraiment totalement différent d’un lac à l’autre ! C’est ce qui nous pousse à être dans l’adaptation et la découverte constante !
Un projet de découverte… Mais pas seulement ? – Grégory Tourreau
« Là eau », un projet de découverte de notre patrimoine lacustre, mais pas seulement ! Derrière cette web-série se cache d’autres enjeux que la simple découverte. C’est ce que nous explique ici Grégory Tourreau, le frère de Stéphane.
Comme Stéphane, tu es un passionné du milieu aquatique, peux-tu nous présenter en quelques lignes ton métier à nos lecteurs ?
Donc je suis plongeur et hydrobiologiste ! Pour faire court, je me sers des poissons et des invertébrés comme indicateurs biologique de la qualité des milieux. En fonction de l’état des peuplements on arrive à avoir une bonne image de l’état de santé des milieux (certaines espèces sensibles vivent plusieurs années et intègrent donc les perturbations subies au cours de leur cycle).
Stéphane et moi on est impliqué dans la préservation de l’eau sous toutes ses formes… – Grégory Tourreau.
Un projet de découverte, mais aussi une vraie sensibilisation environnementale ?
Oui on l’espère, même si pour le coup, on a eu des délais très serrés (tournage) qui sont assez peu compatible avec une approche scientifique et/ou environnementale. On a essayé d’aborder des thèmes dans l’ère du temps. Nous avons aussi essayé de ne pas rentrer dans la moralisation ou le militantisme, mais plutôt dans la valorisation et la sensibilisation par l’image.
Aviez-vous déjà travaillé ensemble sur ce type de sujet ?
Oui Steph et moi, on est impliqué dans la préservation de l’eau sous toutes ses formes ! Au travers notamment de la Fondation eau neige et Glace et de l’association du Flocon à la Vague. Et d’ailleurs, après «SNOW GLOBE, Ascent to the source», un nouveau projet de tournage devrait voir le jour avec ces deux partenaires l’année prochaine. Steph est aussi scaphandrier Cl II/B, ce qui nous a aussi permis de travailler ensemble sur les milieux d’altitudes (prélèvements, cartographie, acquisition de données…).
Quels sont les principaux objectifs scientifiques derrière ce projet ?
Collecter et transmettre des informations destinées aux gestionnaires, pour tenter d’ouvrir ce qui ressemble à des boîtes noires vu depuis la surface (nous travaillons sur enregistrement vidéo en continu). C’est une sorte de veille écologique sous la surface.
Transmettre : Aux gestionnaires et aux différents acteurs (cession des droits à l’images, partage et cessions des données scientifiques…).
Nous avions aussi prévu de réaliser des prélèvements (financés par ailleurs « Fondation Eau Neige et Glace et Sialis-eau »). Mais « curieusement » la majorité les lacs retenus se trouvaient dans des espaces protégés ! De fait, les délais d’obtention des autorisations n’étaient plus compatibles avec notre échéancier. Nous envisageons donc de remettre ça en 2019, mais avec cette fois avec un projet plus ambitieux (partenaires élargis) et un meilleur timing !
Éveiller et attirer l’attention sur ces milieux sensibles… – Grégory Tourreau, au sujet des enjeux de cette web-série.
Quelles ont donc étés les actions entreprises pendant les expéditions ?
La méthodologie de comptage de poissons en plongée (recycleur, Pmt, Bouteille), projet « Pool Fish », R&D Sialis-eau « références milieux d’altitudes ». Veille écologique subaquatique et repérage des éléments remarquables ou singularités. Prélèvements et analyses de traçeurs de diverses sources de pollutions reporté à 2019 (contraintes réglementaires).
Il y a-t-il un message en particulier que vous souhaitez véhiculer au grand public au travers de cette web-série ?
Éveiller et attirer l’attention sur ces milieux sensibles… Et que le public puisse avoir une vision des milieux de référence et ainsi mieux voir les sources de dégradation près de chez eux. C’est aussi une des vocations de ce projet ! C’est qu’il n’y a pas que la préservation du milieu marin et de ses représentants (baleines, phoque, requins…) qui est importante. Et que ces lacs et leurs habitants sont tout aussi vulnérables. Et au final, le destin des uns et lié à celui de l’autre « en termes d’eau, nous sommes tous abord du même bateau, et c’est à nous de faire en sorte que ça ne devienne pas un radeau ou une arche de Noé ! »
Nous avons aussi été très surpris de l’accueil que nous avons reçu là-haut ! Il y eu un réel engouement pour ce projet de la part, des randonneurs, des accompagnateurs, des refuges, des traileurs, des pêcheurs… Et sur certains lacs, nous avons passé de très bon et longs moments à sensibiliser sur ces aspects.
L’aspect vidéo au service du projet ! – Mathias Lopez
Voulant intégrer l’aspect vidéo dans ce projet, les deux frères ont ainsi fait de nouveau appel, au cameraman et réalisateur, Mathias Lopez ! Spécialiste des vidéos dans les sports extrêmes et notamment du Free Ski, ce dernier a découvert la plongée libre à l’occasion de la première web-série au Bahamas. Il est bien connu pour sa collaboration avec le skieur freestyle Kévin Rolland, ou encore le champion de ski Alexis Pinturault.
Peux-tu nous raconter cette découverte de la plongée libre ? Qu’est ce qui t’a plu notamment ?
J’ai toujours été attiré, fasciné par ce sport et les fonds marins ! J’ai découvert naturellement cette activité au cours d’une sortie de snorkeling, pendant lesquels j’essayai toujours d’aller voir au fond ce qui se passait. Progressivement, je me suis mis à l’apnée avec des copains et très rapidement après, j’ai rencontré Stéphane.
Je préfère essayer de conserver le rendu naturel que l’on voit nous sous l’eau… – Mathias Lopez
Que permet l’intégration de la vidéo dans un tel projet ?
Je pense que la vidéo est le véhicule parfait pour faire passer des émotions et toucher les gens ! Que ce soit pour les sensibiliser à ces milieux fragiles que sont les lacs de montagne ou pour les faire rêver avec l’aspect exploration en apnée qui apporte une dimension aventure et sportive dans le projet tout en permettant aux gens de découvrir ce qu’il y a sous la surface de ces lacs que l’on observe habituellement en chaussure de randonnée avec un sac à dos au sec !
Quel matériel as-tu utilisé pour cette nouvelle web-série ?
Je travaille avec un Sony A7S II + Objectif Canon 16-35mm + caisson Nauticam pour tout ce qui est plan sub-aquatique. On devait monter tout notre matériel pendant parfois plus de 2h30 de randonnée… Donc je partais avec le strict minimum ! Cependant, pour les lacs où nous avons pu accéder en voiture, j’en ai profité pour prendre ma caméra RED EPIC pour faire des jolis plans d’extérieur.
Quelles sont les principales différences que tu as pu relever entre faire de la photo/vidéo sous-marine en mer ou en lac (équipement, lumières…) ?
La principale différence était clairement la température de l’eau ! J’ai eu la chance de plongée essentiellement dans des mers chaudes, alors que là, on avait des températures entre 4 et 12°.
Sinon les lacs étaient vraiment très clairs et nous n’avons pas plongée très profond, donc je n’ai jamais manqué de lumière. Mais nous étions vraiment dans des conditions similaires à la mer au niveau visibilité. Mais de toute manière, je n’aime pas utiliser des phares en tournage sous-marins, car lorsqu’on tourne en apnée, ils sont un réel frein à l’hydrodynamisme, et je préfère essayer de conserver le rendu naturel que l’on voit nous sous l’eau.
Enfin, gros avantage par rapport à la mer, c’est que l’on n’a pas besoin de rincer le matériel de tournage après chaque plongée pour se débarrassé du sel. ?
Quand seront visibles les épisodes ? Et sur quel(s) support(s) ?
Les épisodes sont disponibles toutes les 2 semaines sur la page Facebook de Stéphane (Tourreau).
Comme pour The Freediving Universe, il y a aura-t-il un film disponible à l’achat retraçant l’ensemble des expéditions ?
Non, il s’agit uniquement d’une web série en 5 épisodes ! Ils seront tous disponible gratuitement sur la page Facebook de Stéphane.
Les épisodes de la web-série « LÀ EAU »
Épisode 1 de « Là eau » : Le LAC DU LOU près de Val Thorens (Savoie).
Épisode 2 de « Là eau » : Le LAC JOVET aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie).
« Là eau » – Épisode 3 : Le LAC CORNU à Chamonix
« Là eau » – Épisode 4 : Le LAC BLANC de l’Archeboc à Saint Foy Tarentaise
Épisode 5 de « Là eau » : Le LAC VERT de Passy
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